45802 visites
L’ARTEMISIA ANNUA DANS NOTRE PHARMACOPÉE FAMILIALE
Il est essentiel de prendre les points suivants en considération pour l’usage avisé d’Artemisia annua – dans notre pharmacopée familiale :
- Ses plantes fraîches, et ses macérâts de plantes fraîches, sont les plus puissants sur le plan de l’activité médicinale.
- En frais, ou en sec, il est préférable de les soumettre à une ébullition contrôlée dans le temps et dans le spectre de température.
- Tous les corps gras (huile, lait, etc), ainsi que l’alcool, favorisent l’extraction de ses principes actifs.
- Le dosage, et la longueur du traitement, constituent des paramètres extrêmement cruciaux dans les soins.
- Au bout de quelques mois de conservation sèche, la plante préserve ses qualités parasiticides mais perd une certaine proportion de ses qualités anti-oxydantes.
- Il est extrêmement fondamental de n’utiliser que des pratiques culturales non toxiques et respectueuses de l’environnement car les espèces du genre Artemisia sont de puissants bioaccumulateurs.
BIOACCUMULATEURS
En ce qui concerne l’importance essentielle de cultiver “en bio” l’Artemisia annua, il faut prendre conscience que les Artemisia sont de puissants phytoextracteurs et phytostabilisateurs utilisés pour décontaminer les sols empoisonnés par les métaux lourds ou par les déchets radioactifs. Par conséquent, toute plante d’Artemisia annua cultivée dans des sols toxiques et utilisée subséquemment en soins, confère tout autant une dose de pharmacie qu’une dose de poison létal.
PRÉPARATION ET STOCKAGE
De par la saisonnalité de l’Artemisia annua, ses plantes fraîches ne peuvent être utilisées que durant les mois de croissance, à savoir durant les mois d’été et d’automne.
Il est donc nécessaire de se confectionner, durant la saison de croissance, un stock de plantes sèches, ou un stock de macérats alcooliques, glycérinés ou huileux, préparés à partir des plantes fraîches d’Artemisia annua – ou préparés plus tard dans la saison, à partir de plantes sèches. Sur le plan de la productivité, on peut escompter récolter 1 à 2 kg de biomasse par mètre carré de sol cultivé. Tout pharmacien familial souhaitant produire sa propre HE d’Artemisia annua, peut compter sur un rendement de 0,04 % à 1,9 % d’HE par rapport à la biomasse totale sèche, en fonction des écotypes et des conditions de culture.
Plantes sèches
Lorsque les conditions le permettent, les plantes peuvent être séchées à l’ombre durant une période de trois jours à trois semaines, en fonction de la ventilation et de la température ambiante. En Egypte, par exemple, à 40°C de température ambiante, le séchage se réalise en 72 heures. Le séchage à l’ombre ne modifie en rien les capacités parasiticides, à savoir la concentration en artémisinine, mais il décroit quelque peu les capacités anti-oxydantes.
Une méthode rapide (et peu encombrante dans les petits espaces) est de sécher les plantes au four, pendant 24 heures, à basse température – à savoir 45 °C. Ce type de séchage ne modifie en rien les capacités parasiticides et anti-oxydantes des plantes.
Quant à la méthode de séchage au soleil, son avantage est de privilégier une meilleure conversion de l’acide dihydro-artémisinique en artémisinine – à savoir 94% au lieu de 43% pour les plantes séchées au four ou à l’ombre – dont il est le principal précurseur biosynthétique. Par contre, il n’est pas conseillé de dépasser une certaine période en plein soleil, dépendante de la zone de culture, afin de ne pas générer une détérioration du feuillage, donc une perte de substances médicinales.
Lorsque les plantes sont totalement séchées, il est conseillé de les conserver à l’abri de la lumière dans des bocaux de verre ou de grands sacs en tissus. Le contenu en artémisinine est très stable lorsque la conservation est correcte : un an plus tard, il n’a quasiment pas évolué – et l’Ong Anamed parle même de trois années de conservation sans perte d’activité anti-parasitaire. Par contre, les plantes séchées “au plafond” commencent à se dégrader au bout de trois mois car ce sont les trichomes glandulaires des feuilles et des fleurs, très sensibles et fragiles, qui contiennent leur artémisinine – ainsi que leurs huiles essentielles.
Macérats alcooliques
Ils sont préparés à partir de plantes fraîches dont on emplit des bocaux en rajoutant de l’alcool le plus bio et le plus fort possible – l’idéal étant de l’alcool bio à 95°. Ce type d’alcool n’est malheureusement pas disponible commercialement en France. Ce macérât, ou teinture-mère (TM) d’Artemisia annua, est filtré au bout de quelques semaines. Il peut, cependant, se conserver, ainsi, pendant des mois et, en fait, pendant de très nombreuses années. Le filtrat obtenu se conserve d’autant plus longtemps, en années, que son degré d’alcool est élevé.
Macérats huileux
Ils sont préparés à partir de plantes fraîches dont on emplit des bocaux en rajoutant de l’huile bio, par exemple de l’huile d’olive. Ce macérât huileux d’Artemisia annua, est filtré au bout d’un ou de plusieurs mois. Il est conseillé de conserver les huilats à des températures plutôt fraîches, et à l’abri de la lumière, afin de minimiser l’oxydation naturelle des huiles – tout en sachant que certaines espèces médicinales, préparées en macérats huileux, sont également elles-mêmes des anti-oxydants naturels.
Macérats glycérinés
Ils sont préparés à partir de plantes fraîches dont on emplit des bocaux en rajoutant de la glycérine bio. Cette méthode, outre le fait que la glycérine soit quelque peu collante, requiert que le macérât soit agité régulièrement pendant 4 à 5 mois, au minimum. De plus, les macérats glycérinés se conservent beaucoup moins longtemps que les macérats huileux ou alcooliques. L’accès à ce substrat de macérât ne semble pas aisé en Europe. Aux USA, par contre, la glycérine bio de soja se commercialise à environ 30 dollars le litre. Ce type de macérât, peu pratique il est vrai, rend possible, cependant, l’ingestion de Teintures-Mères de plantes médicinales, pour toutes les personnes ne souhaitant pas consommer de l’alcool.